Comment  la reconnexion à la nature nous fait du bien

Comment la reconnexion à la nature nous fait du bien

Comment la reconnexion à la nature nous fait du bien Claire Marino Naturopathe Paris 5

La peur plus ou moins consciente de perdre quelqu’un, fait que nous ressentons le besoin de nous en rapprocher. Comme si nous voulions être sûr que notre mémoire ait bien enregistré tous les souvenirs dont nous pourrions avoir besoin quand il sera trop tard. Et puis il peut aussi y avoir l’envie urgente de créer des souvenirs tous neufs de peur de constater un jour que nous n’avions pas pris assez le temps de partager nos vies. Cette résurgence qui nous ramène auprès des arbres, des montagnes et de l’eau est sans doute un signe que quelque chose de précieux nous échappe. Nous avons besoin de nous rappeler du lien qui nous uni à notre environnement le plus naturel. Nous avons besoin de puiser dans ce lien cellulaire tout ce qui a forgé notre singularité résiliente.

Pendant des millénaires la nature nous a enseigner comment lui survivre en nous obligeant à nous développer, à nous surpasser, à trouver notre place. L’urgence d’un futur inquiétant nous invite à revenir à la version originale de notre espèce et retrouver comment se reconnecter à la Nature pour nous faire du bien.

l’histoire change

insouciance

Je suis entrée dans la vie un peu avant le choc pétrolier et la marée noire de l’Amoco Cadiz. Depuis, le mot crise n’a jamais cesser de tisser sa trame tout le long de ma Vie . Cependant l’avenir nous faisait plus peur économiquement qu’écologiquement! Nous sommes une génération forgée avec l’idée de croissance comme mode curatif à nos angoisses. A coté de cela on nous apprenait dans les écoles que l’humanité ne disparaitrait qu’avec l’extinction du soleil. C’est en tout cas le postulat que j’ai retenu.

La pollution et les dangers pour la planète faisaient régulièrement la une des actualités à coup d’images choc mais assez vite des solutions se mettaient en place et le sujet disparaissait . Un des événements qui m’a marqué a été l’annonce du trou dans la couche d’ozone. Pour la première fois notre comportement consumériste devenait responsable de nos cancers de la peau. On a un peu plus protégé notre capital soleil à coup de crème bien chimiques et on s’est dépêché de jeter nos aérosols . Le soleil a continué d’euphoriser nos étés et nous avions confiance dans la suprématie de nos ingénieurs pour trouver des solutions à tous nos délires.

Naissance de l’éco anxiété

Et voilà que ces dernières années il n’est plus question de vie éternelle . Pour la première fois on parle d’impossibilité de vivre sur notre planète dans un délai très court. Notre insouciance à un prix exorbitant. Nous portons tous une part de responsabilité et souhaiterions que des mesures de grande ampleur soient prises. Mais rien ne se passe de vraiment conséquent si ce n’est quelques mesures pour éviter une méchante grosse grogne! Alors le présent devient un refuge dans lequel chacun tente de vivre ce qu’il peut. et la projection vers le futur devient un vrai phénomène d’éco-anxiété.

Les bienfaits de la reconnexion à la Nature

Deconnexion

La déconnexion à la Nature a commencé quand l’homme à construit des villes au cours de l’antiquité. Puis au moyen âge les seigneurs des châteaux ont créé des fiefs qui sont devenus des villages en milieu rural. Et surtout au 18eme siècle a débuté l’air industriel qui a considérablement accéléré l’idée de production, de croissance et d’efficacité. L’homme a longtemps vécu dans les forets et en connaissait tous les secrets. L’immense majorité de nos ancêtres étaient des personnes simples qui vivaient de façon autonome dans la Nature.

Aujourd’hui l’air numérique a poussé la déconnexion à son paroxysme. Nous sommes déconnectés de notre environnement naturel, de notre humanité (vivre ensemble) et de notre propre nature (nos propres besoins)

Parallèlement à ce triste constat , un nombre croissant de personnes prennent conscience que pour changer le monde cela passe par le changement de nos comportements individuels. Si massivement nous reprenons le chemin de la Nature, alors les modèles consuméristes seront obligés de suivre. Prenons l’exemple de l’alimentation. Il y a 20 ans, aller dans les magasins bio étaient très connoté de marginalité. Aujourd’hui on trouve ces magasins à tous les coins de rue!

Reconnexion

Je ne vais appuyer mes propos que sur l’observation que j’ai pu faire à travers le prisme des séances qui se passent dans mon cabinet parisien depuis 20 ans bientôt. J’ai le sentiment que ce microcosme est tres représentatif de ce qui se passe plus largement. Je vous laisse en juger et me partager votre avis!

Les changements sont partis il y a une dizaine d’années du désir de manger autrement et plus sainement . J’ignore si c’est l’aspect phytosanitaire qui a primé ou l’idée que ce que nous mangions pouvait nous rendre malade. On a longtemps cru que le rejet du gluten était un phénomène de mode. Je penche plus pour une compréhension du lien entre une alimentation inappropriée et des troubles de la digestion très invalidants. Dans le milieu des naturopathes on avait depuis longtemps ce discours notamment étayé par les travaux du docteur Seignalet dans les années 90. Puis le succès du livre : le charme discret de l’intestin de Giulia Enders en 2015 a touché toute une population souffrant de troubles intestinaux. Désormais elle s’est mis en quête de produits sans gluten . Et plus généralement d’une alimentation respectueuse de notre santé globale

S’en est suivi plusieurs scandales pharmaceutiques dont le Médiator et le Levothyrox qui ont sérieusement écorné la confiance des français envers les laboratoires pharmaceutiques. Dés lors ils sont partis là aussi en quête de solutions naturelles pour éviter de tomber malades et/ou pour stimuler leur vitalité.

Enfin la crise du Covid et ses confinements ont permis de faire le lien entre le stress des conditions de travail et les différents déséquilibres de santé

Ce sont pour moi ces 3 éléments (et sans doutes d’autres!) qui ont ouvert les portes d’un besoin de revisiter ce que la nature peut nous proposer.

Revenir aux fondamentaux

Pierre Rabbi est devenu une voix d’éveil de conscience et nous a invité à réfléchir à la « sobriété heureuse » ainsi qu’aux bienfaits du respect de la terre nourricière. Il nous a alerter sur l’urgence de mettre des plantes comestibles partout où on peut planter. Il nous a parlé de la dangerosité des pesticides sur notre santé mais aussi pour la Terre. Son collectif « le colibri » a fait germer dans nos esprits que nous devions tous faire notre part . Aussi petite soit elle impactera les décisions. Alors on a commencé à faire attention à ce que nous achetions . On refuse les pesticides et on exige du sain. Nous cultivons et nous plantons des arbres fruitiers. On essaie de ne pas se décourager face à l’inertie politique et on tient le cap!

Les gens affluent dans nos séances de naturopathie pour apprendre à mieux gérer leur hygiène de vie. Ils essaient de ne pas tomber malade ou quand s’est déjà là, il essaient de tout faire pour ne pas récidiver.

Et puis il y a le stress qui persiste à s’imposer. Dans un monde dont l’avenir est incertain l’anxiété devient une récurrence. Et dans un monde dans lequel les médias font de la peur un fer de lance l’audimat, l’angoisse s’immisce insidieusement chez tout le monde. Ainsi sont posées les conditions d’un mal-être généralisé. Alors la reconnexion à la nature devient une solution qui s’impose à ceux qui comprennent combien le clivage que l’on a créé entre elle et nous, nous a fait perdre le contact avec tous ce qui jusque là nous a permis de survivre et d’évoluer enensemble.

Les bienfaits de la reconnexion à la Nature

Je vais encore une fois, illustrer ce paragraphe avec ce que je connais le mieux : la forêt et le contact avec les arbres.

La sylvothérapie, le shirin yoku, les bains de forêts ou plus simplement une balade contemplative au sein d’une forêt font l’objet de plus en pus d’études et nous commençons à comprendre les liens biologique et chimiques qui nous unissent aux arbres.

Ce qui me vient immédiatement à l’esprit c’est le changement de rythme. Dans la forêt on prend le temps de marcher. On regarde où l’on pose nos pieds, on devient plus observateur du chemin et de ses à côté. La lumière, les oiseaux et les écureuils nous forcent à lever les yeux vers le ciel. On reprend possession de notre rythme. Notre respiration se libère petit à petit et devient plus ample, plus profonde pour peu que nous en prenons conscience. Le corps se gorge d’oxygène et notre métabolisme brûle nos calories.

Nos cellules se souviennent des mémoires du passé. Elles savent que ce milieu a été leur univers pendant tant de milliers d’années. Nos sens sont en alerte. Il n’est plus question de danger, nos forêts sont dépouillées de nos prédateurs. Quand nous dépassons ces peurs archaïques, nous nous apaisons et nous nous ouvrons à la contemplation.

Nos sens en action

  • Sentir le parfum de la terre, des feuilles, des troncs. A chaque inspiration prendre conscience que nous aspirons des phytoncides. Ce sont des molécules produites par les arbres qui ont pour effet de les protéger des maladies et de communiquer entre eux . Ces molécules vont agir sur notre corps en stimulant notre système immunitaire. Les phytoncides (huiles essentielles de bois) induisent l’activité des cellules tueuses naturelles humaines – PubMed (nih.gov)
  • Ecouter le bruit des feuilles dans la canopée et sous nos pieds. Etre attentif au chants des oiseaux et des insectes.
  • Ramasser de la terre et jouer avec elle entre nos doigts pour bénéficier d’une bactérie qui nous veut du bien . La mycobactérium vaccae a en effet la particularité de venir stimuler une zone du cerveau qui produit de la sérotonine. Rappelons que cette dernière à pour fonction de nous détendre et de nous inviter au bonheur. Identification d’un système sérotoninergique mésolimbocortical immunosensible : rôle potentiel dans la régulation du comportement émotionnel – PubMed (nih.gov)
  • Se gorger de vert qui apaise notre système nerveux et réduit notre tension artérielle. Observer les fractales qui sont des constructions géométriques dont les structures sont une infinité de détails qui nous rappelle nos constructions internes comme les réseaux veineux , nerveux , notre peau… Tout vient nous rappeler que les cellules végétales et animales sont de fabrication identiques.
  • Il n’est pas rare en forêt de croiser des plantes comestibles, c’est donc une bonne occasion de stimuler le sens du goût. (On devra toujours rester prudent dans les cueillette en évitant de ramasser des plantes proches du sol à cause de l’échinococcose qui est un parasite susceptible de nous rendre très malade)

Stimulation de sens plus subtils

  • Marcher en forêt c’est aussi faire travailler des sens comme la proprioception qui est la recherche de l’équilibre du corps . Ce sens est particulièrement stimulé par des terrains accidentés et par le fait de marcher pied nu. Nos ancêtres marchaient pieds nus en forêt, nous sommes donc aussi fait pour cela .
  • L’intuition est aussi sollicitée. En effet La forêt reste un endroit dans lequel on peut avoir des résurgences d’appréhension. Les voleurs de grands chemins, les sangliers, et autres peurs fantasmées ont peu de chances de nuire à votre expérience , mais elles demeurent inscrites aux registres des causes nécessitant de la vigilance.
  • Pour finir je voudrais évoqué un sens souvent un peu méconnu qui est la thermoception. La forêt est un lieu dans lequel on peut sentir des grandes différences de température.

Pour l’esprit.

Comme nous venons le voir, une balade en forêt stimule tous nos sens ce qui a comme vertu de nos sentir vivants! mais aussi de nous rassurer sur toutes les similitudes qui demeurent inactes en nous et qui très vite reprennent toutes leur vivacité. Ainsi on a longtemps cru que notre odorat était considérablement diminué par rapport aux animaux . Mais des études ont montré qu’il n’en était rien et que nous percevons très nettement les odeurs qui nous sont familières tout comme les animaux !

De nombreuses études ont montré l’impact bénéfique des bains de forêt sur des pathologies comme la dépression, les troubles anxieux..[Effet des bains de forêt (shinrin-yoku) sur la santé humaine: une revue de la littérature] – PubMed (nih.gov)

La reconnexion à la terre par la marche pied nu permet également d’induire un équilibrage du système nerveux et une réduction des états inflammatoires

En ce qui concerne le câlin avec les arbres , beaucoup de choses ont été dites. Mais je voudrais ici rappeler que lorsque nous entrons en contact avec un arbre nous ne sentons pas le flot de la sève qui coule . Et ce n’est d’ailleurs par ce que nous avons à chercher. Car ce qui est intéressant c’est juste de se laisser traverser par la présence et observer ce que cela touche en nous. Pour les japonais, dans leur croyance shintoïste, les arbres sont des grands sages qui traversent le temps dans leur immobilisme. Je traduit surement très mal leur croyance mais j’en ai gardé cette vision. ce qui nous touche c’est la présence et ce que cela vient faire vibrer en nous .

Pour conclure

Dans cette expérience de reconnexion à la nature et du bien que cela nous procure, l’esprit retrouve un chemin qu’il connait bien, celui de ces ancêtres mais il retrouve surtout une connexion avec sa propre nature. Se rappeler que le monde qui nous entoure n’est pas séparé de nous mais que nous en faisons partie intégralement. Cette nature prend soin de nous et en prenant conscience de tout ce quelle nous apporte de façon inconditionnelle, on devrait pouvoir ressentir le besoin en retour de prendre soin d’elle.

Ainsi la reconnexion à la Nature est vertueuse de multiples façons. Elle nous force à prendre du recul sur nos folies. Elle nous rappelle que nous ne sommes pas séparés. Nous sommes invités à reprendre notre place en respectant nos besoins qui sont des besoins simples .